Israël continue de violer l'accord de cessez-le-feu avec le Liban, menant de nouvelles frappes aériennes sur diverses zones du sud de ce pays.
Lundi soir, des avions de combat israéliens ont lancé une série de frappes aériennes, provoquant une vive condamnation internationale et marquant un revers important pour le cessez-le-feu négocié par les États-Unis, désormais au bord de l'effondrement un peu plus d'un an après son instauration.
Un porte-parole de l'armée israélienne a prétendu que ces frappes étaient nécessaires pour contrer les efforts présumés du Hezbollah visant à reconstituer ses capacités dans les zones civiles.
Bien qu'aucun mort n'ait été signalé dans l'immédiat, les attaques ont provoqué d'épaisses fumées au-dessus de villes comme Mahrouna, Jbaa et al-Majadel, où les habitants ont décrit la situation comme « tragiquement routinière ».
L'Agence nationale de l'information libanaise (NNA) a fait état d'« intense bombardement aérien », en violation flagrante du droit international et de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, le cadre de l'ONU visant à maintenir la paix le long de la frontière instable.
Le Hezbollah a, pour sa part, réaffirmé son engagement en faveur du cessez-le-feu, tout en revendiquant un « droit fondamental à la légitime défense » face à « l'agression israélienne sous couvert de négociations ».
Ces frappes aériennes sont survenues deux jours seulement après l'envoi d'envoyés civils israéliens et libanais auprès d'un comité supervisé par les États-Unis à Beyrouth dans le cadre d'élargissement des pourparlers indirects, prévus par le plan dit de paix pour l’Asie de l’Ouest de l'administration Trump.
La session, saluée par Washington comme un « progrès historique », a porté sur la démarcation de la frontière et le désarmement du Hezbollah au sud du fleuve Litani. Les responsables libanais ont insisté sur le fait que tout dialogue plus large devait être conditionné par une cessation immédiate des hostilités. Comme l'a fait remarquer un diplomate libanais : « Ils bombardent le jour et négocient la nuit – ce n'est pas la paix, c'est la paralysie. »
Cet incident illustre une tendance plus générale : le cessez-le-feu s'avère être plus une illusion qu'une réalité. Depuis l'accord du 27 novembre 2024 qui a mis fin à 14 mois de guerre transfrontalière ayant fait plus de 4 000 morts, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) a recensé plus de 10 000 violations commises par Israël, dont près de 7 500 incursions dans l'espace aérien et 2 500 brèches au sol, soit une moyenne de 27 violations par jour. Fin novembre, les Forces armées libanaises avaient enregistré 5 198 infractions, dont 657 frappes aériennes.
Dans un rapport publié en novembre, des experts en droits humains des Nations unies ont averti d’une « tendance inquiétante » d'homicides illégaux : 127 civils libanais ont été tués et des centaines blessés lors de frappes contre des habitations et des infrastructures publiques.
Une attaque de drone particulièrement meurtrière contre le camp de réfugiés d'Aïn el-Hilweh en novembre a fait 14 morts, dont 12 enfants, suscitant des craintes de crimes de guerre.
Israël maintient cinq avant-postes « stratégiques » sur des collines du sud du Liban. Au cours de l'année écoulée, l'armée israélienne a mené 669 frappes aériennes à travers ce pays, causant la mort d'au moins 218 membres du Hezbollah, selon le Centre de recherche et d'éducation Alma.
Le rapporteur spécial des Nations unies, Morris Tidball-Binz, a affirmé que ces frappes portent atteinte à la souveraineté libanaise et entravent les efforts en faveur du cessez-le-feu.
Dans un contexte de crise humanitaire croissante, plus de 80 000 Libanais demeurent déplacés, incapables de retourner dans leurs villages frontaliers dévastés par le conflit.
Les réseaux sociaux ont été en ébullition à la suite des dernières frappes aériennes israéliennes. Les internautes ont partagé des images d'explosions et dénoncé un « génocide déguisé en frappes de précision ».
À Beyrouth, des militants se sont interrogés : « Israël viole impunément la résolution 1701 du Conseil de sécurité – où est la CPI ? » Cette préoccupation a été partagée par des experts de l'ONU qui ont réclamé des enquêtes indépendantes.